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YANN DUMOGET

Né en France en 1970.

Vit et travaille à Le Cailar, en petite Camargue.

 

L’artiste se fait connaître en 1999 en peignant une toile par jour pendant un an et un jour, soit 366 toiles pour l’an 2000 qui seront exposées notamment au Carré Sainte-Anne de Montpellier.

Dans la foulée, il part s’installer en Allemagne, à Berlin, et y mène à bien plusieurs projets, dont Doklomenta, action réalisée lors de la Documenta 11 de Cassel et qui remporte un grand succès médiatique.

De nombreuses expositions en France et à l’étranger suivront.

En 2008, il initie un projet autour du monde Le chant des pistes qui le conduit dans près de 30 pays.

En 2011, l’historien d’art français Paul Ardenne lui donne l’occasion d’en présenter le résultat pour l’exposition collective Ailleurs, sous forme d’une installation à l’Espace Contemporain Louis Vuitton en compagnie des œuvres d’autres artistes voyageurs tels que Paul Gauguin.

Depuis 2010, en parallèle de ses travaux picturaux, il développe une série de projets multiformes (photographies, collages, installations, sculptures, dessins,…) abordant la crise économique. Projets qui le conduisent dans toute l’Europe et qui sont exposés régulièrement dans des centres d’art et des galeries en France et à l’étranger.

 

Dans la région, le public a pu voir récemment son travail à La Panacée de Montpellier en 2015 (Global snapshot), au CRAC de Sète en 2016 (Zan Gallery), à l’espace Bagouet en 2018 (20 ans de peinture partagée), pour l’inauguration du MOCO (100 artistes dans la ville) en 2019.

 

Souvent portées par une idée simple et marquante, ses œuvres prennent des formes variées (changer des dessins de billets de banque contre du vrai argent, repeupler une ville fantôme d’épouvantails à son effigie, transformer des conteneurs poubelles en pochettes-surprises pour SDF). Dans une économie de crise impliquant de nouvelles stratégies créatives, celles-ci ont pour constante une sobriété de réalisation qui contraste avec la minutie de leur préparation.

 

S’intéressant aux bouleversements d’un monde globalisé et numérisé, l’artiste débute son travail par de longues périodes d’investigations qui le poussent souvent à se rendre au plus près des situations qu’il examine. Associant différentes disciplines, mais également de multiples références stylistiques et symboliques, il procède alors par télescopage, sampling, dans le but d’aboutir à une mise à distance poétique d’une réalité sociale.

 

Dans la même logique de combinaison, si l’attention de l’artiste se porte sur chacune des étapes de la création de ses œuvres, de leur conception, jusqu’à leur développement dans des circuits spécifiques qui sont rarement les expositions dans « le cube blanc », c’est sans doute dans l’espace médiatique que celles-ci existent véritablement. Leur nature pouvant se comprendre en dernier lieu comme une vibration singulière entrant en résonance avec l’ensemble d’un paysage créatif mondial fonctionnant désormais en peer to peer.

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"Smile when you fall..."

Paysage monétaire international

Enfant, je collectionnais les petites coupures étrangères rapportées de voyages par mes proches. Se plonger dans leur contemplation minutieuse, c’était comme partir à mon tour. Un univers immense s’ouvrait à moi que je me jurais de sillonner plus tard. Ces dernières années, j’ai la chance de le faire dans le cadre de ma pratique artistique qui aborde notamment la crise économique mondiale. Une de ses premières manifestations ayant été financière, la passion numismatique m’a naturellement rattrapé et j’ai souhaité donner dans mes œuvres une place particulière au billet de banque et à sa charge symbolique.

Objet visuel singulier, son intérêt réside habituellement et paradoxalement dans sa valeur d’échange – fiduciaire – et non dans ses qualités esthétiques.

Son iconographie est cependant très soignée, pour souligner son caractère précieux, mais aussi pour en faire un véhicule identitaire porteur d’idéologies. Ici tout est parfaitement ordonné, la réalité est enjolivée, voire franchement travestie. On oscille le plus souvent entre image d’Épinal et propagande, ce qui, là encore, n’est pas le moindre des paradoxes pour de petits papiers imprimés foisonnants aujourd’hui de dispositifs anti-falsification.

J’ai beaucoup insisté sur le premier aspect, la valeur transactionnelle, relationnelle, de l’argent dans l’installation : « Compte rendu » (description comptable d’un tour du monde qui résume les multiples rencontres de voyage à des échanges marchands) proposée en 2011 à l’Espace Vuitton Paris et prolongée toute l’année par l’action : « J’achète votre âmitié » (achat d’âm(e)-itiés grâce à des billets de banques réalisés par mes soins.

J’ai abordé aussi la création monétaire, la financiarisation et l’aspect identitaire attachés aux billets de banque avec le projet : « Superadditum » réalisé en Islande et présenté à l’espace contemporain d’HEC Paris en 2014 qui consistait à demander au public de dessiner des billets de banque que je changeais contre du vrai argent.

Avec la série des : « Paysages monétaires » je me suis intéressé à la dimension visuelle des billets de banque. Celle-ci reprenant avec le temps le dessus sur leur valeur « fiduciaire » dans un lent processus de « démonétisation » qui semble s’accélérer avec l’inflation.

L’image, la valeur décorative du billet devenant ainsi exceptionnellement plus importante que sa valeur financière.

Tout autant, je voulais me perdre dans l’espace imaginaire proposé par la plupart des billets qui offrent aux regardeurs méticuleux des paysages idylliques, des édifices imposants et des couchers de soleils interminables. Je voulais porter un regard critique sur ces territoires utopiques plus proches du rêve que de la réalité sans pour autant oublier l’émerveillement enfantin qui me saisissait jadis devant la profusion des costumes exotiques, des couleurs et des filigranes finement ciselés.

 M’aidant une fois encore de mots, je suis parti des expressions : paysages monétaires et village global issues du jargon des économistes et je les ai rapprochés du poète Georges Hugnet dont les collages surréalistes m’ont inspiré autant que ses textes.

Cet ancêtre, utilisateur avant l’heure du sampling et du copié-collé était par ailleurs dans les années 40 un grand résistant. Le confronter à l’image totalitaire des dictateurs mégalomanes de la planète affichant leurs effigies comme autant de signes incontournables de leur pouvoir sur une monnaie et donc sur un peuple ne m’en a paru que plus pertinent.

Enfin, dans la série « L’envolée des matières premières », commencée en 2020 au début d’un cycle d’inflation qui s’accélère, j’ai voulu confronter la marchandisation du vivant et la destruction qui en découle. Prolongeant les mécanismes économiques qui sont à l’œuvre, j’ai imaginé un espace dystopique où les seules représentations d’oiseaux possible sont réalisées en billets de banque, remplaçant les photos d’une espèce disparue. En tête, ce proverbe qu’on attribue aux indiens d’Amérique « Quand l’homme aura vendu le dernier poisson et le dernier oiseau, il s’apercevra que l’argent ne se mange pas… » 

Icônes à Mammont

La naissance des monstres

Et si, dans un élan humaniste sans précédent, les philosophes du monde entier, portés par le souffle de cette jeune nation américaine avaient inventé naguère la déclaration universelle des droits de l’homme qui resterait sans doute pour longtemps l’un des plus beaux idéaux civilisationnels ayant jamais été formulés, c’était aussi sous l’impulsion de ce qu’était aujourd’hui devenue cette nation-monde que prospéraient les monstres...          Lire la démarche artistique

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